À Orléans, fini les blaireaux au volant : feu vert à la tolérance zéro

Paul Kenett

Conduite dangereuse, excès de vitesse en pleine ville, passages au feu rouge… la métropole d’Orléans dit stop. Face à une recrudescence d’accidents et de comportements à haut risque sur les routes, la ville enclenche une politique musclée de lutte contre la délinquance routière. Et les conducteurs imprudents sont prévenus : ici, on ne fera plus de cadeaux.

En 2024, les chiffres ont explosé. Le Loiret a enregistré 43 morts sur ses routes, soit une hausse de 60 % en un an. « Un bilan dramatique », selon la préfète Sophie Brocas dans des propos rapportés par France 3. Dans le viseur des autorités : les chauffards qui roulent à plus de 100 km/h en pleine agglomération, ceux qui grillent les feux tricolores ou refusent d’obtempérer aux forces de l’ordre. Le maire d’Orléans, Serge Grouard, ne mâche pas ses mots. Il parle de « comportements invraisemblables », de « délinquance routière » à traiter comme une priorité.

Plus de contrôles, plus de sanctions

Le nouveau plan d’action, lancé discrètement il y a trois mois mais présenté officiellement à la presse ce mercredi 19 juin, durcit les règles du jeu. Établi avec la préfecture et les services judiciaires, il prévoit un renforcement massif des contrôles routiers sur toute l’agglomération. Et surtout, un alourdissement des sanctions.

Première nouveauté : en cas de conduite sous alcool ou stupéfiants, les gendarmes pourront immobiliser immédiatement le véhicule. La voiture ira à la fourrière, et le conducteur devra en payer tous les frais jusqu’à sa comparution devant le tribunal. « Ce sera au conducteur de régler l’addition », précise Emmanuelle Bochenek-Puren, procureure de la République à Orléans. Le message est clair : rouler dangereux coûtera désormais très cher.

Cette mesure vient s’ajouter à une batterie d’autres sanctions : suspension immédiate du permis, confiscation du véhicule, voire convocation rapide au tribunal pour les cas les plus graves. L’objectif ? Dissuader les récidivistes et montrer que l’impunité, c’est terminé.

Des slogans chocs pour taper dans le pare-brise

Mais la répression ne suffit pas. La métropole mise aussi sur la pédagogie… à sa façon. Une grande campagne de communication a été lancée le même jour, avec des messages qui font mouche. « Fou de chrono, conduite de blaireau. Ici pas de cadeaux » : voilà le ton choisi. Les auteurs ont joué la carte de la rime mordante pour marquer les esprits, en ciblant sans détour les conducteurs inconscients.

Ces slogans sont déclinés sur des affiches dans toute la ville, relayés sur les réseaux sociaux, et placardés près des zones sensibles comme les sorties d’école ou les grands axes urbains. L’idée est d’instaurer une forme de pression sociale. Montrer que ces comportements sont non seulement dangereux, mais aussi ridicules. Les chauffards ne sont plus des rebelles, mais des « guignols » — c’est dit noir sur blanc.

Autre volet du plan : l’aménagement urbain. La municipalité souhaite apaiser la circulation dans les secteurs les plus exposés. Elle promet un renforcement des pistes cyclables sécurisées et davantage de zones prioritaires pour les piétons, notamment autour des écoles. Des radars de feux rouges seront également installés à des intersections à risque. Une manière de modifier les habitudes en profondeur, pas seulement par la peur de la sanction.

Orléans veut devenir une ville modèle en matière de sécurité routière, quitte à secouer les habitudes. Ce tournant intervient alors que d’autres grandes agglomérations comme Lyon, Nantes ou Paris ont elles aussi entamé des politiques plus strictes pour réduire les accidents et apaiser les centres-villes.

Mais à Orléans, on l’assume : ce n’est pas une simple campagne de prévention, c’est une déclaration de guerre contre la conduite dangereuse. Le maire l’a dit, les chiffres l’exigent, et les gendarmes sont déjà à pied d’œuvre.

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