Il achète une Tesla d’occasion et tombe dans le piège électrique

Paul Kenett

Séduit par le prestige de la marque et le prix alléchant, un Américain a cru faire l’affaire du siècle avec une Tesla Model S d’occasion. Spoiler : il aurait mieux fait d’acheter un vélo.

Il y a des rêves qui virent au cauchemar dès que le contact est mis. C’est exactement ce qui est arrivé à un automobiliste américain, séduit par une Model S P85 Performance d’occasion, affichée à un tarif défiant toute concurrence. Sauf qu’en matière de Tesla, le vrai prix se paie parfois après la signature. Et pas en bitcoins.

La voiture semblait parfaite : belle allure, zéro bruit moteur, et la promesse d’un avenir vert sur quatre roues. Quelques kilomètres plus tard, un message d’alerte s’affiche sur l’écran central. Rien de bien méchant, pense-t-il. Tesla confirme à distance : un simple compresseur de clim à remplacer. Coût estimé : 1 500 euros. Une somme rondelette, mais rien d’inquiétant pour un véhicule de luxe.

Quand le garage devient un gouffre

Confiant, notre amateur de technologie glisse les clés à l’atelier Tesla le plus proche. Sauf que là, c’est le moment où tout part en vrille. À mesure que les mécaniciens auscultent la bête, ils découvrent un problème après l’autre. D’abord une fuite de liquide de refroidissement, ensuite un défaut sur le circuit thermique, puis une suspicion sur le bloc batterie. La facture grimpe plus vite que la Model S sur l’autoroute.

Résultat ? Plus de 6 500 euros de réparation pour une panne qui, au départ, se résumait à un souffle d’air chaud en plein été. Même en optant pour des pièces d’occasion et des solutions alternatives, l’addition restait supérieure à 4 000 euros. Le propriétaire, coincé entre son portefeuille et ses convictions écolos, choisit de faire réparer. Tesla 1 – Compte en banque 0.

Mais ce n’est pas tout. La voiture immobilisée pendant plusieurs jours, l’homme découvre aussi que les délais de livraison des pièces sont longs, très longs. Et les réparations, elles, sont exclusivement centralisées par Tesla. Pas de garagiste indépendant, pas de plan B. Juste un devis, une douloureuse et l’espoir que la panne n’en cache pas une autre.

Une leçon à 5 000 volts

Une fois la voiture enfin réparée, notre conducteur ne voit plus en elle un symbole d’innovation mais un totem de galères. Trop, c’est trop. Il décide de revendre sa Model S, fraîchement remise à neuf, pour tourner la page. Mais à cause de la mauvaise presse du modèle P85 Performance sur les forums spécialisés, il peine à en tirer un bon prix. Résultat : quelques milliers d’euros de pertes en quelques semaines. Merci pour la balade.

Cette mésaventure met en lumière un point souvent sous-estimé par les amateurs de voitures électriques : la dépendance extrême aux constructeurs pour la maintenance. Contrairement à une voiture thermique où la plupart des garagistes peuvent intervenir, les Tesla – comme d’autres modèles électriques – nécessitent des outils spécifiques, des agréments constructeur et un accès à un diagnostic fermé. Autrement dit, si le SAV se passe mal ou si vous êtes loin d’un centre agréé, vous êtes bon pour attendre. Et payer.

Ce genre de cas n’est pas isolé. Les forums et groupes d’utilisateurs regorgent d’histoires similaires : une pièce cassée, une batterie capricieuse, un bug logiciel… et à chaque fois, une prise en charge opaque et coûteuse. Sans compter le fait que sur le marché de l’occasion, certaines Tesla ont connu une première vie difficile. Et comme la plupart des systèmes sont électroniques, les pannes ne se voient pas… jusqu’à ce qu’elles apparaissent toutes d’un coup.

Alors que la voiture électrique se démocratise et que les occasions commencent à inonder les petites annonces, ce récit agit comme un rappel salutaire : hors garantie, mieux vaut être chanceux… ou riche.

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