En France, parler d’autoroute rime souvent avec péage. Et pourtant, tout n’est pas facturé à prix fort ! Une partie du réseau reste encore gratuite, même si cela reste méconnu du grand public. À l’heure où chaque plein d’essence pèse un peu plus sur le budget, ces portions sans péage sont une aubaine pour les automobilistes.
Pourquoi certaines autoroutes sont encore gratuites ?
C’est une question que se posent beaucoup de conducteurs : pourquoi certains axes sont-ils payants et d’autres non ? La réponse tient en un mot : concession. Une majorité des autoroutes françaises sont confiées à des sociétés privées (comme Vinci, Sanef ou APRR) qui assurent leur gestion… en échange d’un péage. Mais une partie du réseau, dite non concédée, reste sous la responsabilité de l’État. Ces autoroutes ont souvent été pensées pour désenclaver certaines régions ou relier des zones d’habitation ou d’activités sans grever le portefeuille des usagers.
En d’autres termes, là où les enjeux économiques ou d’aménagement du territoire le justifiaient, l’État a gardé la main. Résultat : environ 25 % des autoroutes françaises sont gratuites, soit près de 3 000 kilomètres sur les 12 000 que compte le pays.
Où peut-on rouler gratuitement sur autoroute en France ?
Même si elles ne représentent qu’une minorité du réseau, plusieurs autoroutes françaises — ou du moins certaines de leurs portions — permettent de circuler sans débourser un centime. C’est le cas de la célèbre A75, surnommée « La Méridienne », entièrement gratuite sauf au niveau du viaduc de Millau, où un péage s’applique.
L’A20, dite « L’Occitane », propose aussi un long segment gratuit entre Vierzon et Brive-la-Gaillarde, ainsi qu’autour de Montauban. Idem pour l’A62, entre Bordeaux et La Brède, ou encore l’A64 dans sa partie entre Muret et Lestrelle, près de Saint-Gaudens.
Dans l’Est, la gratuité s’étend sur la partie nord de l’A39 autour de Dole, sur l’A31 vers le Luxembourg, et sur la totalité de l’A35 entre Strasbourg et Mulhouse. Plus au nord, les automobilistes circulent sans frais entre Dunkerque et Lille grâce à l’A25, ou entre Abbeville et Boulogne-sur-Mer sur une portion de l’A16.
En Île-de-France, l’A15 est gratuite entre Argenteuil et Rouen. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’A47 relie Lyon à Saint-Étienne sans péage, tandis qu’une section de l’A7 est gratuite entre Rognac et Marseille.
Côté Méditerranée, plusieurs axes autour de Marseille (A8, A51, A507), de Toulon (A570) ou de Montpellier (A709) sont exempts de péages. L’A55 permet aussi de relier Marseille à Martigues gratuitement.
En Occitanie, la portion Toulouse–Albi sur l’A68 est gratuite (sauf 1,70 € au départ de Toulouse), et l’A63 reste libre d’accès entre Biarritz et la frontière espagnole.
Entre Caen et Rennes, l’A84 constitue également une option gratuite pour traverser la Normandie et la Bretagne. Quant à l’A20, elle l’est aussi entre Limoges et Brive-la-Gaillarde.
Enfin, dans les grandes agglomérations, de nombreux périphériques et rocades — comme à Paris, Toulouse, Rennes ou Bordeaux — sont accessibles sans péage. À Lyon, seul le contournement nord-ouest reste payant.
Moins connues, mais souvent bien utiles
Si ces tronçons sans péage sont peu signalés, ils peuvent pourtant faire gagner gros. Non seulement ils permettent d’éviter la note salée à la barrière de péage, mais ils offrent aussi une alternative fluide et rapide aux routes nationales plus lentes. Ces autoroutes gratuites sont parfois stratégiquement situées : accès à une grande ville, contournement d’une agglomération, liaison régionale majeure…
La Bretagne ça vous gagne
Certaines régions comme la Bretagne en ont même fait un principe : toutes les voies rapides y sont gratuites, un héritage des décisions d’aménagement du territoire prises dès les années 60. Une spécificité qui rend cette région particulièrement attractive pour les conducteurs.
Mais il faut être vigilant : certaines autoroutes sont partiellement gratuites, avec quelques péages disséminés sur le parcours. D’autres fonctionnent en flux libre, un système où l’on ne s’arrête plus à une barrière, mais où l’on paie tout de même… à condition de s’en souvenir, sous peine d’amende salée !
Un vrai sujet de mobilité et de pouvoir d’achat
Dans un contexte où le prix du carburant reste élevé et où la voiture reste indispensable pour des millions de Français, les autoroutes gratuites ne sont pas un détail. Elles participent à l’équité d’accès à la mobilité, notamment pour ceux qui vivent loin des grandes villes ou qui n’ont pas de transports en commun adaptés.
Derrière cette gratuité, c’est aussi une question politique. Faut-il continuer à concéder nos routes à des entreprises privées, ou réaffirmer un modèle d’autoroute publique ? Le débat reste ouvert, d’autant plus que certains tronçons, initialement gratuits, sont désormais dans le viseur de projets de péage à horizon 2029…
Et pendant ce temps-là, dans d’autres pays d’Europe, des décisions radicales ont été prises : l’Espagne a supprimé certains péages, l’Allemagne maintient la gratuité pour les voitures particulières, et au Royaume-Uni, seule une poignée de tunnels et ponts restent payants. De quoi faire réfléchir.